Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

NUMÉRO 10


Le général Fleury a adressé à tous les préfets de l’empire la circulaire suivante, dans le but tout militaire de faire multiplier les chevaux hongres sur nos marchés :

Paris, 1er  août 1868.

« Monsieur le préfet, dans une note qu’elle vient de m’adresser, la Compagnie générale des omnibus, rendant compte des expériences qu’elle poursuit depuis cinq ans sur l’emploi comparatif du cheval entier et du cheval hongre, me fait savoir qu’en présence des résultats acquis, son intention, à partir de 1870 au plus tard, est d’acheter de préférence des chevaux castrés.

« Je me félicite d’autant plus de cette mesure qu’elle ne fait que consacrer des idées que j’ai constamment préconisées, et qu’elle a d’ailleurs été obtenue uniquement par l’observation attentive et raisonnée des faits. Les chevaux entiers sont d’un prix plus élevé ; ils coûtent plus cher à nourrir, sont dangereux à l’homme et distraits dans leur service, sans être plus énergiques que les hongres, lorsqu’il ne s’agit pas de lourds transports. Ajoutons que, malgré tout le soin avec lequel ils sont choisis, ces mêmes chevaux, une fois leur temps de service fini, deviennent le plus souvent des reproducteurs nuisibles à l’amélioration.

« La castration, au contraire, offre ce précieux avantage de moins spécialiser le cheval dans son emploi, de le rendre apte à des services divers, de faciliter sa vente, et, par conséquent, d’augmenter son débouché et sa valeur commerciale.

« En aidant, par son exemple, à faire ressortir cette vérité, la Compagnie générale des omnibus a donc rendu un grand service à notre production indigène. Il appartient maintenant aux éleveurs, les premiers intéressés, de savoir tirer parti de la situation, et, suivant la loi économique de l’offre et de la demande, de mettre leur industrie au niveau des besoins d’une consommation plus active. Ce n’est pas seulement, en effet, la Compagnie des omnibus qui viendra chercher chez eux les 1 500 chevaux qui lui sont moyennement nécessaires, chaque année, pour la remonte de sa cavalerie forte de 9 500 têtes ; le petit luxe, généralement habitué jusqu’ici à s’approvisionner en produits allemands, s’y rendra aussi, du jour où il aura la certitude d’y rencontrer ce qu’il lui faut.