Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/123

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cession de leurs biens et recevoir le bonnet de laine verte que le bourreau lui-même leur mettait sur la tête. La croix des banqueroutiers et le pilori, qui avaient été reconstruits en 1562, disparurent pour toujours quelques années avant la Révolution, en 1786, au moment où l’on enleva le charnier des Innocents ; du reste, il y avait déjà longtemps qu’ils étaient inutiles. Tous ces souvenirs sont effacés aujourd’hui, et l’on n’en retrouve aucune trace visible dans les Halles centrales, qui sont un des monuments les plus curieux de Paris.

Lorsque Paris tout entier était contenu dans l’île de la Cité, un seul marché, le marché Palu, situé à côté d’une église nommée Saint-Germain le Vieil, subvenait aux besoins de la petite ville ; mais lorsque les rives de la Seine furent franchies, un nouveau marché s’établit place de Grève et ne tarda pas à devenir insuffisant. Louis le Gros, voyant sa capitale prendre un grand développement et voulant lui donner un marché digne d’elle, acheta, en dehors des murailles et à proximité de la ville, un vaste terrain qui appartenait à l’archevêque de Paris. Cet espace, très-considérable et alors cultivé, s’appelait Campelli ; les rues Croix et Neuve-des-Petits-Champs en consacrent aujourd’hui le souvenir.

Lorsque le préfet de la Seine établit les droits de place dans les nouvelles Halles et porta au tarif 20 centimes par deux mètres pour l’occupation des emplacements sur la voie publique aux abords des pavillons, les forains des environs de Paris invoquèrent le souvenir de la reine Blanche, qui, disaient-ils, les avait exemptés de toute charge pour l’étalage des provisions qu’ils apporteraient aux Halles.

Est-ce une tradition qui s’est transmise de père en fils ? Je n’en ai trouvé nulle trace écrite.

Les premières constructions furent élevées sur les