Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/186

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les élèves puissent s’asseoir en face d’un professeur qu’ils écoutent et qui les voit. L’amphithéâtre de la manufacture du Gros-Caillou est un objet de curiosité. Jamais école primaire d’un hameau perdu dans les Cévennes ou sur les landes de la basse Bretagne n’eut mine plus pauvre et plus piteuse. La chaire du professeur est figurée par un fourneau derrière lequel il s’installe sur une chaise de paille ; les élèves se juchent comme ils peuvent sur deux ou trois planches qui représentent les gradins et où les bocaux, les ballons, les bassines, les thermomètres leur disputent la place. Tout se passe en famille fort heureusement, et il faut espérer que la cordialité des relations ôte plus de gêne que n’en donne l’insuffisance d’une telle salle d’études. C’est là qu’on fait aux élèves les cours techniques de chimie, de physique et de comptabilité administrative qui donnent lieu, chaque année, à des examens sévères. Le cours de mécanique, un des plus importants sans contredit, et auquel d’incessantes découvertes donnent un intérêt majeur, est professé dans une salle qui contient les modèles réduits de toutes les machines employées pour la fabrication du tabac. On pourrait croire qu’afin de rendre cette étude attrayante et lui imprimer un caractère réellement pratique, une machine à vapeur, si modeste qu’elle soit, communique le mouvement à tous les rouages. Nullement ; mais étudier des machines immobiles, c’est faire de l’anatomie sur des mannequins ; aussi on a imaginé un arbre moteur qu’on met en branle à l’aide d’une manivelle tournée à la main. De cette façon, ce n’est plus la mort, mais ce n’est pas encore la vie.

Dans la cour qui précède le laboratoire, s’étend le jardin botanique. La composition du sol et la culture entrant pour une part énorme dans les qualités constitutives du tabac, il est élémentaire que les élèves puis-