Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/211

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atelier sous les combles. Trois ouvriers grecs, qui vous disent kaliméra lorsque l’on entre, coupent les feuilles à l’aide d’un hachoir primitif manœuvré à la main ; ainsi taillé et presque humide encore, le tabac est confié à des ouvriers qui l’enferment dans de minces feuilles de papier et le roulent pour lui donner la forme consacrée. La consommation de ce genre de cigarettes tend à prendre des proportions considérables, grâce à la sottise des femmes, j’entends celles qui ont quelque prétention à être honnêtes. Pour mieux ressembler aux filles dont elles envient le luxe, elles fument, et trouvent ainsi le moyen de réunir les mauvaises habitudes des deux sexes.

iii. — les cigares.

Manufacture de Reuilly. — Millares. — Disette. — Tabacs de Havane. — Betun. — Époulardage. — La robe. — La tripe. — Température factice. — Fabrication du cigare. — Silence. — Examen. — Séchoir. — Claros et colorados. — Bois de cèdre. — Cigares de grands crus. — Ancien système d’approvisionnement. — Système actuel. — Mission à Cuba. — Bureau du Grand-Hôtel. — Expertise et dégustation. — Contrebande. — Stage. — Tabac de Virginie en Angleterre. — Contrefaçon. — Caisses de secours, crèches et classes.


Au Gros-Caillou on ne fabrique à peu près que des cigares communs : les cigares de choix, faits en pur tabac de la Havane, sont réservés exclusivement à la manufacture de Reuilly, qui jadis était située hors barrière, mais que l’annexion de la banlieue a fait entrer dans l’enceinte de Paris. De grands arbres, de vastes terrains verdoyants l’entourent et lui donnent l’aspect joyeux d’une usine de campagne. Elle est de création récente et ne date que de 1857. À cette époque, la consommation des millares (cigares à 15 centimes) avait pris des proportions telles, qu’il n’était presque plus possible de répondre aux demandes et que les