elle cherche à nous effrayer, il faut laisser parler en paix les docteurs moroses et attendre avec confiance qu’ils aient changé d’opinion.
Appendice. — Une loi du 21 décembre 1872 a prorogé le monopole des tabacs jusqu’au 1er janvier 1885. Les territoires cédés à l’Allemagne par le traité de Francfort produisaient annuellement 8 000 000 de kilogrammes de tabac en feuilles ; en outre, nous avons perdu 8 050 000 kilogrammes de tabac en feuilles et 3 150 000 kilogrammes de tabac en cours de fabrication à Metz et à Strasbourg. Si l’on ajoute à cela que l’interruption des communications a empêché l’arrivage de tabac de Hongrie, on comprendra que l’administration a eu bien des difficultés à vaincre pour assurer la marche de la fabrication, surtout celle des tabacs à fumer. La consommation des départements perdus a été, en 1869, de 1 855 000 kilogrammes, représentant une recette de 7 611 000 francs qui fait actuellement défaut à notre budget.
De nouvelles améliorations ont été apportées à l’outillage de nos manufactures et à la fabrication des tabacs. La mouillade à la main a été remplacée par un lavage mécanique fort simple qui permet d’agir sur la feuille d’une manière plus rapide et plus complète ; au paquetage du scaferlati que l’on faisait à l’aide d’une machine à levier très-pénible à manœuvrer, on a substitué un paqueteur hydraulique d’une action sûre et facile. Une loi du 4 septembre 1871 a autorisé la fabrication d’un scaferlati supérieur à 16 francs le kilogramme que nous demandions dès 1868 ; de nouveaux modules de cigares et de cigarettes ont été également admis, par des décrets du 11 juin 1872.
Le nombre des magasins de feuilles indigènes est de 25, celui des feuilles étrangères est de 4. Depuis la perte de Strasbourg et de Metz, nous n’avons plus que 16 manufactures ; le chiffre des entrepôts est de 355, celui des débits de 43 620. Les recettes totales de 1873 ont été de 291 977 000 francs et les dépenses de 53 860 000 francs. C’est donc un bénéfice net de 233 117 000 francs. Les 1 160 débits de Paris ont, pour leur part, opéré une vente équivalente à 45 478 000 francs. Le scaferlati supérieur ne paraît pas encore être entré dans les habitudes de la population, car en 1873 il n’en a été livré que 99 351 kilogrammes. La consommation des rôles diminue, 535 712 kilogrammes ont suffi. Les cigares bon marché, c’est-à-dire à 5 centimes, à 7 centimes et demi et 10 centimes, semblent toujours fort appréciés, car on en a fumé 771 753 600 en 1873. Les cigarettes prennent un accroissement considérable : jusqu’en 1872 la vente annuelle oscillait entre 5 et 8 000 000.