La fabrication au marteau était lente, défectueuse, et n’assurait à la pièce ni forme, ni dimension convenables. Lorsque l’ouvrier, ayant fait les alliages indiqués et liquéfié les métaux, avait obtenu sa fonte, il la jetait en rayaux, c’est-à-dire qu’il la coulait sur des tablettes de fer creusées de rainures où le métal refroidi prenait la forme d’une barre, qui était ensuite amincie et forgée sur l’enclume. Ces barres, après avoir subi l’escopelage, devenaient des carreaux à peu près régulièrement divisés. On les faisait recuire pour assouplir le métal, et les tailleresses leur donnaient à l’aide de cisailles une forme aussi arrondie que possible. Le carreau était devenu un flan. Soumis alors à diverses opérations qui avaient pour but de le niveler, de le régulariser, de le blanchir, et parvenu ainsi à l’état de perfection très-relative dont on se contentait alors, il était placé entre deux coins de fer portant chacun une intaille. Le coin inférieur était nommé trousseau et le coin supérieur pile ; ces dénominations subsistent encore. Le monnayeur frappait à l’aide d’un marteau pesant trois livres un ou plusieurs coups jusqu’à ce que la pièce eût reçu l’empreinte ; puis celle-ci était remise au juge-garde-des-monnaies, qui, vérifiant le poids, la faisait, selon qu’il la trouvait droite ou non, entrer en circulation ou jeter à la fonte.
Tout ce système fut renversé par l’invention simultanée du laminoir, du découpoir et du balancier. L’emploi de cet outillage devait donner à la fabrication une rapidité que la découverte de l’Amérique et l’importation de métaux précieux qui en résulta rendaient indispensable. En 1550, Aubin Olivier, qui avait créé le balancier, fut nommé par Henri II maître-ouvrier, garde et conducteur des engins de la Monnoye des Étuves, et l’on peut voir encore, soit au musée monétaire du quai Conti, soit au cabinet des médailles de la Bibliothèque