Lorsque l’insuffisance de ces vieux bâtiments fut démontrée, on voulut construire un hôtel monumental des monnaies place Louis XV ; les travaux furent entrepris, et déjà 150 000 livres avaient été dépensées, lorsqu’on changea brusquement de projet et qu’on se résolut à élever le nouvel édifice au lieu et place de l’hôtel Conti, que la ville de Paris, autorisée par arrêt du conseil en date du 22 août 1750, avait acquis au prix de 160 000 livres pour y faire bâtir un hôtel de ville. L’abbé Terray posa, le 30 avril 1771, la première pierre du monument, qui, sous la direction d’Antoine, fut terminé en 1778. Il était alors à la fois harmonieux et grandiose, tel que nous le voyons aujourd’hui. Malgré toutes les constructions modernes, malgré les nouveaux palais, les nouvelles églises, les nouveaux théâtres, l’Hôtel des Monnaies reste encore, grâce à la pureté du profil, un des édifices les plus élégants de Paris[1].
Comme toutes les choses humaines où l’art n’est pas seul en jeu et dans lesquelles la science et l’industrie ont une part prépondérante, la fabrication des monnaies a éprouvé des modifications considérables. Elle a eu trois époques distinctes qu’on pourrait nommer l’âge du marteau, l’âge du balancier, l’âge de la presse. Le premier système, qui nous a été légué par l’antiquité, a été pratiqué seul jusqu’à Henri II, et n’a réellement pris fin que pendant les premières années du règne de Louis XIV ; le second a persisté jusque vers 1846 ; le dernier est seul employé depuis cette époque.
- ↑ Avant que Louis XV eût fait acheter l’hôtel du duc de Conti, nommé grand prieur du Temple, on avait pensé à construire un hôtel des monnaies en rapport avec Paris. Dès 1719 Law avait acquis des terrains à la porte Montmartre et au Roule ; plus tard, en 1720, il fut question d’établir quatre Monnaies : l’ancienne, améliorée, eût été consacrée aux espèces d’or ; celle du Roule eût été réservée aux espèces d’argent ; celle de la porte Montmartre aux pièces de deux sous six deniers ; enfin, la quatrième, qu’on devait bâtir à Chaillot, au bout du cours la Reine, n’aurait fabriqué que des douzains et des liards en cuivre rouge.