Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/252

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gins si perfectionnés, si impressionnables, que toute chance d’erreur parait devoir être évitée. Parfois on apporte là des masses de vieilles monnaies dont la teinte primitive a été altérée par le temps, mais dont l’empreinte régulière est aussi nette que si la pièce venait d’être frappée. Ce sont des trésors trouvés ou précieusement gardés, légués de main en main, et qu’on se décide enfin à faire rentrer dans la circulation générale. J’ai vu un monceau de pièces d’or de Charles III d’Espagne et de doubles Louis XVI qu’on venait échanger contre de la monnaie courante. Dans ce cas, comme pour l’argenterie et les bijoux, on reçoit immédiatement la valeur représentative ; le bureau retient seulement l’intérêt d’une semaine, correspondant au délai moyen de huit jours accordé pour convertir les lingots en espèces.

Les apports d’argenterie et de matières d’or travaillées sont beaucoup plus rares qu’on ne le croit généralement. En 1868, le bureau du change a reçu 66 035 kilogrammes 052 grammes 90 décigrammes d’or, et 140 943 kilogrammes 240 centigrammes d’argent. Dans le premier chiffre, les bijoux n’entrent pas pour trois kilogrammes, et dans le second l’argenterie ne compte que pour 618 kilogrammes 123 grammes. Il n’en est pas toujours ainsi, et ce bureau du change, si paisible d’habitude, voit parfois arriver des gens effarés qui tirent de leurs poches des couverts d’argent et des boites de montre. Aux époques de révolution, la peur va beaucoup plus vite que le raisonnement, et chacun parait craindre de manquer du strict nécessaire. L’argent, qui de sa nature est fort timide, se cache si bien, qu’on ne sait où le retrouver, et alors on accourt à la Monnaie. En 1848, 35 233 kilogrammes 877 grammes d’argenterie[1]

  1. Représentant une valeur brute de 7 046 775 fr. 40 c., et le quadruple au moins, si l’on considère le prix d’achat.