Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont passé par le bureau du change. Les employés contemporains de ce temps de panique et de désarroi parlent encore avec regret des magnifiques pièces de vaisselle plate, des médailles, des bijoux charmants, qu’ils ont été obligés de livrer à la fabrication, qui les a martelés et jetés à la fonte.

Le bureau du change reçoit les métaux précieux, mais il ne les encaisse pas ; il les remet immédiatement contre décharge au directeur de la fabrication, qui dès lors, et pour un certain temps échappant à tout contrôle, devient maître absolu de ses opérations, fait faire les essais, et détermine les alliages comme il l’entend, à ses risques et périls. La fonderie d’or et la fonderie d’argent ne sont pas contiguës ; on a eu soin de les séparer, elles ne sont ni dans le même corps de logis, ni au même étage, et l’on évite ainsi toute confusion possible. Les métaux sont expédiés aux ateliers de fonte avec un bulletin indiquant le titre, le poids et la proportion précise de cuivre rouge qu’on doit ajouter à l’or et à l’argent. La quantité de matière est toujours calculée de façon à produire un nombre de pièces déterminé par les règlements (10 000 pour les pièces de 20 francs).

L’atelier des fontes d’argent est une large salle éclairée par des fenêtres où des grilles et des treillages tout veloutés de poussière ne laissent pénétrer qu’une lumière incomplète ; contre les murailles sont bâtis les fourneaux, vastes récipients fermés par une porte de fer, où l’on entasse le charbon et dans lesquels on place les creusets en terre réfractaire. On a soin d’échauffer graduellement ces derniers avant de les mettre au feu : les lingots et l’alliage sont pesés et jetés au creuset. Lentement la consistance du métal s’ébranle, la forme carrée du lingot s’adoucit peu à peu sur les angles, se creuse vers la partie moyenne, semble hésiter, oscille,