si l’on veut s’étayer sur des documents authentiques, reconnaître que la première banque régulière établie en Europe fut celle que les Génois organisèrent en 1407 sous le nom de Casa di San Giorgio.
Les Italiens, — Génois, Vénitiens, Lombards, — semblent avoir eu pendant tout le moyen âge, et même pendant la première période des temps modernes, le privilège exclusif du commerce de l’argent. Jacques Cœur, que son titre d’argentier a trop souvent fait prendre pour un banquier, était un marchand enrichi par le négoce, et les prêts sur nantissement qu’il fit au roi ou à d’autres personnages étaient des actes de complaisance plutôt que des spéculations.
Quoique Louis XIV, après la désastreuse année 1709, eût créé du papier-monnaie et qu’à l’époque de sa mort 492 millions de ces valeurs douteuses circulassent encore, notre première banque fut celle de Law, la fameuse banque du Mississipi qui a tant fait parler d’elle, qu’on a tant maudite, mais à laquelle cependant il ne faut pas oublier que nous avons dû la Louisiane. Concédée à Law pour vingt ans, par ordonnance des 2 et 20 mai 1716, au capital limité de six millions, divisé en 1 200 actions de 5 000 livres chacune, elle commença dès le mois de juin des opérations qui, si elles n’eussent point été dénaturées, l’auraient conduite probablement à une prospérité extraordinaire. Ces opérations étaient, à fort peu de chose près, celles-là mêmes qui ont donné à la Banque de France une assiette si solide : escompte des effets de commerce, garde des valeurs en dépôt, payements et recouvrements pour les tiers ; de plus, son action était très-sagement circonscrite par l’interdiction absolue de faire le commerce ou d’emprunter à intérêt. Les débuts furent les jours de l’âge d’or ; d’un intérêt mensuel de 2 1/2 pour 100, l’escompte des effets descendit à six, à cinq et même à quatre par an.