Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/314

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billet qui passe sous son timbre mobile, elle change une unité ; tous les 10 billets elle change la dizaine, tous les 100 billets elle change la centaine, et cela avec cette précision qui fait croire à l’âme intelligente de ces êtres de fer et d’acier. À l’appareil est joint une pompe pneumatique qui déplace chaque feuille dès qu’elle a reçu d’un seul coup la quintuple empreinte dont elle est marquée.

Ces diverses opérations sont conduites par des hommes qui ont conscience de l’importance exceptionnelle de leur travail, mais il semble qu’ils la font partager à leurs machines, tant celles-ci ont des mouvements doux, onctueux, qu’on dirait intentionnellement affaiblis. On ne se presse pas, je le répète, car la perfection qu’on cherche à obtenir ne peut guère s’accommoder d’une trop vive rapidité. Il faut vingt jours pour qu’une simple feuille de papier, déjà munie des filigranes internes, puisse être convenablement imprimée. Est-il nécessaire d’ajouter qu’à chacune des phases différentes qu’elle traverse elle est comptée, étudiée et rejetée si elle n’est pas parfaite sous tous les rapports ? Un registre spécial reçoit une sorte de procès-verbal de toutes ces opérations, de sorte qu’en le consultant on pourrait savoir, depuis que la Banque de France existe, combien on a refusé de feuilles à la papeterie, combien ont été fautées par l’impression en blanc, combien par l’impression à l’encre, combien par le numérotage. C’est un chef-d’œuvre de contrôle permanent et de comptabilité.

Tous les billets, réunis et classés selon la lettre de série, — mille par lettre, — sont répartis en alphabets ; chaque alphabet se compose naturellement de vingt-cinq paquets attachés à part. Ils sont livrés en cet état par le chef de l’imprimerie au chef d’un bureau particulier qu’on appelle la comptabilité des billets. À l’aide d’une machine mue par une pédale et portant un timbre armé d’une griffe