autographique, il fait apposer sur les billets la signature du secrétaire général et celle du contrôleur. Si, en cet état, un billet venait à disparaître et était mis en circulation, on reconnaîtrait promptement qu’il a été soustrait, car il lui manque encore la dernière signature, la plus importante, celle qui, s’associant aux deux autres, donne une valeur de 1 000 francs à un chiffon de papier, celle du caissier principal.
Le chef de la comptabilité ouvre un registre particulier à chaque alphabet ; sur des colonnes formulées à l’avance, chaque billet est inscrit par son numéro d’ordre, et l’on constate ainsi ce qu’on appelle une création. Cette formalité étant accomplie, les billets, réunis et ficelés par paquets séparés, sont remis au secrétaire général et au contrôleur, qui les prennent en garde et les enferment dans leur caisse à double clef jusqu’au jour où l’émission en sera décidée. Cette dernière mesure est provoquée par le caissier principal, qui juge, lorsque le vide commence à se faire dans ses armoires, des besoins auxquels il doit faire face. Par l’entremise du gouverneur, il adresse sa demande au conseil, qui arrête que tel nombre d’alphabets lui seront remis. Dès lors il reçoit les billets des mains de ceux qui les avaient en charge, il les fait timbrer de sa griffe, baptême définitif qui les rend viables, et il les livre au public. En général, on fait en sorte d’avoir toujours une grosse masse de billets en réserve, de façon à ne les faire circuler qu’une année au moins après qu’ils sont sortis de l’imprimerie.
Il n’a pas la vie dure, ce pauvre billet de banque : deux ans, trois ans au plus ; et dans quel état il reprend le chemin du bercail qu’il a quitté si coquet, si pimpant ! Eheu ! quantum mutatus ! Il revient criblé de trous d’épingles, percé à l’angle des plis, gris, terne, mou, vieilli avant l’âge par tant de pérégrinations à travers la