Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/330

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réputation commerciale d’un homme. Là on connaît tout ce qui touche au crédit particulier. Pour exercer ces graves fonctions, qui sauvegardent la responsabilité de la Banque et aussi l’honorabilité du commerce, il faut une prudence irréprochable et une mémoire prodigieuse ; les cartes sont plutôt des archives que des documents à consulter, et il est assez rare qu’on y ait recours. Bien des gens, voulant savoir à quoi s’en tenir positivement sur la situation de tel ou tel négociant, sont venus dans ce bureau et ont interrogé le chef de service. Jamais, sous aucun prétexte, une réponse n’a été donnée. La Banque est un établissement de crédit tellement hors de proportion avec tous les autres, elle est si impersonnelle, elle jouit d’une considération si puissante, que toute parole de blâme émanant directement d’elle est faite pour ruiner d’un seul coup le crédit le mieux établi. Les employés de ce bureau sont donc tenus à une discrétion absolue ; ils ont entre les mains l’âme du commerce de tout Paris et en sont responsables.

Les billets qui, après examen, paraissent aux agents de ce service ne pas devoir être acceptés par la Banque, sont marqués d’un signe convenu et replacés avec les autres dans leur bordereau respectif ; mais ils ne sont pas refusés pour cela, car le bureau des renseignements ne peut émettre qu’un avis, c’est le comité d’escompte qui décide en dernier ressort. Ce comité, auquel les liasses de billets sont immédiatement expédiées après cette opération préalable, siège tous les jours de midi à une heure. Il est composé de quatre régents et de trois actionnaires exerçant le commerce[1]. Là tous les billets sont examinés de nouveau, et le comité, dont les déci-

  1. Ces trois actionnaires sont pris à tour de rôle sur une liste de douze commerçants présentés par le conseil général aux censeurs qui choisissent.