Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/331

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sions sont péremptoires et sans appel, efface sur le bordereau le nom et les sommes des billets qu’il ne veut point accepter. On ne réclame jamais, car on sait que nulle explication ne serait fournie. Le total, rectifié selon les radiations qui ont été faites, est écrit et consigné par un des régents en tête du bordereau ; un sous-gouverneur écrit le chiffre à une place déterminée, et le gouverneur l’approuve en y mettant son paraphe. Ainsi, pour cette opération, l’entente des deux pouvoirs de la Banque de France, du pouvoir délibérant et du pouvoir exécutif, est indispensable. Les billets et les bordereaux sont alors renvoyés au bureau qui les a reçus le premier ; on y additionne le total des sommes représentées par les billets non rejetés, en ayant soin de défalquer le montant du taux de l’escompte ; on inscrit la somme et le nom de la personne qui peut en disposer sur une fiche qu’on lance par une trémie à la caisse spécialement chargée de ce service. On y crédite de la somme indiquée le compte du présentateur, qui est prévenu par un avis émanant du bureau de l’escompte, et il peut le jour même utiliser l’argent qu’on tient à sa disposition.

Le travail de l’escompte est un des plus considérables qui se puisse voir ; il s’est exercé, en 1868, sur 2 396 752 effets, représentant la somme de 2 221 540 108 fr. 6 centimes ; sur ce nombre, 32 180 billets, équivalant à 24 724 319 fr. 78 centimes, ont été rejetés par le conseil. La moyenne de la valeur des effets est faible, puisqu’elle ne s’élève pas à plus de 928 francs. C’est là surtout qu’apparaît l’importance démocratique de la Banque ; si elle reçoit des traites du Trésor s’élevant parfois à plusieurs millions, elle accepte, elle escompte sans hésiter des billets de deux ou trois francs souscrits par de pauvres diables aux abois[1]. C’est surtout le petit

  1. On a présenté à réescompte, en 1868, 610 effets de 10 francs et au-