gens qui manient des fortunes, portent parfois plusieurs millions dans leurs larges poches et sont incapables de voler deux sous. Ils sont au nombre de 170 et divisés en quinze brigades correspondant aux quinze zones par lesquelles la Banque a fictivement partagé Paris.
Au point du jour, ils partent pour présenter à chaque signataire le billet que ce dernier a souscrit et en recevoir l’équivalent. Aux échéances du 15 et de la fin du mois, chacun d’eux a en moyenne cent trente maisons à visiter ; si l’on réfléchit que chaque billet doit être remis au domicile du souscripteur, que ce soit à l’entresol ou au sixième, on pourra imaginer que le soir ils ont les jarrets singulièrement fatigués par tous les escaliers qu’il leur a fallu gravir. La Banque les autorise à donner une fiche portant leur nom et le numéro de leur brigade aux personnes qui ne peuvent pas payer immédiatement, afin que celles-ci puissent venir acquitter à l’hôtel de la rue de la Vrillière le montant de leur effet. La galerie est curieuse à visiter, surtout aux jours des grandes échéances de la fin de juillet et de la fin de décembre. En attendant que les constructions soient terminées, on assemble dans la cour d’entrée des baraques séparées par des barrières où l’on parque les retardataires ; un grand tableau, visible pour tous, indique le nom des garçons qui, étant rentrés, peuvent encaisser à la Banque les recettes qu’ils n’ont point touchées dans la journée.
C’est vers quatre heures que la foule arrive, inquiète, presque anxieuse, dans la crainte d’être venue trop tard et de ne pouvoir éviter un protêt. En cela elle à tort ; dès qu’elle a pu pénétrer dans la cour, elle est certaine qu’elle ne sera pas renvoyée au lendemain. Ceci est de principe à la Banque ; on sait qu’on appartient au public, et l’on ne s’y couche que lorsque toute la