Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/332

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commerçant, le fabricant isolé, qui a recours à la Banque ; elle se montre bonne mère pour eux et ne les répudie pas. Les hauts financiers, les grands banquiers, ceux qu’on appelle familièrement les gros bonnets, ne s’adressent que bien rarement à elle ; ils ont intérêt à faire eux-mêmes l’escompte et à user de leurs capitaux avant de s’adresser à ceux d’autrui.

Tous les effets acceptés sont rangés par ordre d’échéance et enfermés dans ce qu’on appelle le portefeuille ; quel abus de mot ! Je défie Briarée de le mettre dans sa poche. Cette immense caisse, à doubles murailles de fer, à quadruples serrures, remplit à elle seule une chambre entière, chambre en pierres de taille, dans laquelle elle est scellée par des crampons gros comme des peupliers de vingt ans. Tous les jours on fait remettre au bureau chargé de la recette les effets qui échoient le lendemain. Ce bureau offre une physionomie particulière, on l’appelle la galerie ; en effet, il occupe au rez-de-chaussée une salle immense à laquelle un sous-sol provisoire sert de complément. On y fait le tri des billets, on les divise par quartiers ; chaque quartier est remis à un brigadier, qui le distribue à ses hommes. Les garçons de recette de la Banque de France sont bien connus dans Paris. Qui ne les a vus passer, la chaînette du portefeuille pendant à la boutonnière, la sacoche à l’épaule, le tricorne crânement posé sur le coin de l’oreille ? qui n’a été frappé de leurs bonnes figures sans moustaches, de leur allure rapide, de l’air de probité qui semble adoucir les traits de leur visage ? Leur costume invariable, le grand frac gris à boutons blancs ornés d’une tête de Mercure, est respecté par la population à l’égal de n’importe quel uniforme ; et ce n’est que justice, car tous sont de braves

    dessous ; 80 440 de 11 francs à 50 francs ; 148 230 de 51 francs à 100 francs ; soit plus d’un septième de l’admission générale.