gnés sont de garde, veillent près du vestibule de la caisse principale, que des hommes de confiance ne quittent jamais. D’heure en heure les garçons font une ronde qui embrasse les cours, les écuries, les jardins, les couloirs, les combles. Partout ils ont à constater leur passage réglementaire en remontant des cadrans qu’on a placés dans des endroits écartés les uns des autres. Ils doivent, à chaque ronde, tirer une sonnette qui correspond au poste des pompiers comme pour leur dire : Nous veillons, veillez-vous ? En outre, par un guichet semblable à la bouche d’une boite à lettres, ils jettent un marron, sorte de plaque en zinc carrée, qui glisse jusque dans la chambre de l’officier de service au poste des soldats. J’ai fait cette ronde, car il est curieux de revoir, dans le sommeil de la nuit, les lieux qu’on a visités pendant le jour, lorsqu’ils étaient animés par le travail et par la foule. Dans les galeries, dans les couloirs, dans les vastes salles désertes, plane une odeur fade et neutre qui est celle de la poussière ; les pas retentissent sur les parquets de bois et éveillent des échos sonores ; le gaz tremble devant les fenêtres entr’ouvertes ; parfois derrière une croisée on aperçoit une ombre noire qui se promène régulièrement : c’est un planton qui, toute la nuit, arpente une terrasse par où l’on pourrait peut-être s’introduire dans l’hôtel. Des chats effarés passent à travers les jambes, et au bruit des portes qu’on ouvre, des araignées glissent lestement le long des murs pour aller se cacher derrière leurs toiles tissées à l’angle des plafonds.
C’est en parcourant ce grand désert silencieux, en montant dans les greniers où souffle l’aigre bise de la nuit, qu’on peut apprécier les précautions que la Banque a accumulées pour se défendre contre l’incendie. Dans chaque salle, des pompes sont gréées ; partout où il y a des pans de bois, des haches sont appendues aux