Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/43

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ticle 2 dit : « Sont déclarés coupables d’accaparement ceux qui dérobent à la circulation des marchandises ou denrées de première nécessité, qu’ils achètent ou tiennent enfermées dans un lieu quelconque, sans les mettre en vente journellement et quotidiennement. » Vient ensuite l’énumération des denrées réservées, depuis le pain jusqu’au papier, jusqu’aux étoffes, les soieries exceptées. Rien ne fut changé par ce décret à l’état de choses douloureux où la France se débattait, luttant contre l’étranger, contre les soulèvements de la Vendée, contre la disette qui l’étreignait de toutes parts. Le gouvernement songe à se faire marchand de grains lui-même et à établir des réserves qu’on livrerait à la population. Le 9 août 1795, Barère propose la création de greniers d’abondance dans les principales villes de la république. Vous choisirez, dit-il, pour greniers, les palais des féroces émigrés, leurs châteaux, et vous ferez concourir au soulagement du peuple ces repaires de la féodalité. » Le même jour le décret fut adopté et la trésorerie nationale recevait ordre de tenir 100 millions à la disposition du conseil exécutif pour achat de grains.

Toutes ces mesures devaient encore être impuissantes, et l’on eut enfin recours, le 9 septembre 1793, à la fameuse loi du maximum, qui, comme on le disait à cette époque, « ne fit point fleurir les doux présents de Cérès[1]. » Peu de temps après, le 3 frimaire an II (25 novembre 1793), la commune de Paris, s’inspirant d’une mesure prise à Lyon par Fouché et Collot-d’Herbois, promulguait un arrêté où l’on peut lire : « La richesse

  1. « Depuis ce moment (loi du maximum), les fermiers n’ont apporté ni beurre, ni œufs au marché, et les bouchers refusent de tuer comme à l’ordinaire ; bref, on ne peut plus rien acheter ouvertement. Les paysans, au lieu de vendre leurs provisions en public, les portent en cachette dans les maisons particulières, en sorte qu’outre le prix exorbitant déjà établi, nous devons leur payer les risques qu’ils encourent en éludant la loi. » Un séjour en France, de 1792 à 1795 ; Lettres d’un témoin de la Révolution française, trad, par H. Taine. Lettre du 25 février 1794.