Chapelle, qui projette une ombre froide sur tout ce qui l’environne. Les chambres fort étroites et très-mal éclairées où se tiennent les magistrats de la première information ressemblent à des caves. C’est la misère humide et glaciale. Le papier, un horrible papier de tenture à raies verdâtres, moisi, piqué par des efflorescences de salpêtre, se détache des murailles toujours mouillées. On y grelotte en plein été, et il faut un certain courage, à ne rien dire de plus, pour loger là des hommes chargés de rendre la justice ; des inspecteurs de prisons trouveraient certainement ces lieux trop malsains pour permettre qu’on y enfermât des condamnés.
Un couloir tellement sombre, que le gaz n’y est jamais éteint, contient les détenus qu’on doit interroger et les gardes de Paris qui les accompagnent. C’est entre le dépôt et le petit parquet une navette incessante ; de l’un à l’autre conduit un corridor où les dalles sont usées par le va-et-vient perpétuel ; un poste de vingt hommes commandés par un brigadier fait ce service, qui, sans être fatigant, ne laisse cependant pas une minute de repos. Au fur et à mesure que les inculpés arrivent, ils sont introduits, chacun d’eux escorté par un gendarme, auprès du substitut. Celui-ci, ayant devant lui une vaste table couverte de dossiers et où un greffier a pris place, les interroge. Les pièces envoyées par la préfecture, les procès-verbaux des commissaires de police, le relevé des sommiers judiciaires, ont déjà donné au magistrat de précieux renseignements. Il connaît non-seulement l’état civil de l’individu, mais ses antécédents et le fait qui lui est reproché.
Le pouvoir confié aux magistrats du petit parquet est considérable, il a même un côté discrétionnaire dont on pourrait facilement abuser s’il n’était exercé par des hommes pour qui les prescriptions du code d’instruction criminelle sont une inexorable loi. L’interrogatoire