Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/257

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est cruel, qu’en établissant un calorifère particulier pour chaque galerie.

Ce n’est là, je le sais, que le petit côté de la question, et les prisonniers sont aujourd’hui en paradis comparativement à la façon dont ils étaient traités autrefois. Ce qui importe par-dessus tout, c’est que l’emprisonnement ne soit pas exclusivement coercitif, et que le temps de la peine puisse être utilement employé à agir sur le prévenu et à lui faire comprendre que le bien est supérieur au mal, non-seulement au point de vue général de la moralité, mais même au point de vue de l’intérêt individuel.

En 1868, le travail a rapporté aux détenus, dans les prisons de Paris et le Dépôt de mendicité de Saint-Denis, la somme de 245 253 francs 3 centimes ; le nombre moyen des travailleurs a été de 2 896 individus, dont chacun a eu par conséquent un salaire quotidien de 23 centimes. La moitié de ce maigre pécule a été remise aux prisonniers ; l’autre, confiée au greffier, forme la masse et ne produit jamais d’intérêt ; de sorte que, en admettant qu’un détenu ait travaillé sans désemparer 365 jours de suite, au bout d’une année de prison il sortira avec 42 francs 50 centimes, qui doivent lui suffire pour se loger et se nourrir en attendant qu’il ait trouvé de l’ouvrage. Rejeter un homme sur le pavé d’une grande ville dans de telles conditions, c’est l’exposer presque inévitablement aux sollicitations de la misère et du vol. Les frais d’entretien, qui sont aujourd’hui à la charge des entrepreneurs, devraient passer à celle de l’État ; l’ouvrier détenu serait légitimement propriétaire de tout son gain, ce qui lui montrerait les bienfaits du travail, et sa masse capitalisée serait augmentée d’un intérêt normal, ce qui lui enseignerait les avantages de l’épargne. On prétend, je le sais, que l’ouvrier doit payer son apprentissage. En liberté, oui ; en