Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/261

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professeurs, des gens du monde, s’occupent incessamment des prisonniers, les visitent, les instruisent, se font maîtres d’école près de ces grands enfants, et doucement, avec une patience que seul peut donner l’amour du bien, font entrer dans ces cervelles atrophiées des notions de morale et de justice qui portent fruit et aident au salut. C’est l’initiative individuelle qui devrait être tentée par la grandeur de la tâche ; n’y a-t-il pas de quoi émouvoir l’émulation des gens de bien, et ne peut-on essayer de rétablir ainsi le rachat des prisonniers que nos pères ont pratiqué avec tant de charité quand les pirates des côtes barbaresques enlevaient nos matelots pour les enchaîner aux bancs des galères ?

Déjà un magistrat français, M. Edmond Turquet, a obtenu d’excellents résultats dans la maison d’arrêt de Vervins, en faisant lui-même des cours aux prisonniers. Les protestants, à Paris, n’abandonnent pas leurs coreligionnaires détenus ; ils les réconfortent, s’ingénient à leur trouver du travail après la libération et font en sorte d’éloigner d’eux les causes de rechute. Un tel exemple devrait s’imposer. Il est à regretter que la Commission générale des prisons, qui fonctionnait encore à la veille de la révolution de Juillet, n’ait point été reconstituée. Son action avait été très-utile ; aujourd’hui plus que jamais, en présence de l’augmentation constante des malfaiteurs et des récidivistes, une institution semblable pourrait, imitant la Société de patronage pour les jeunes détenus, rendre de grands services, suivre d’un intérêt vigilant et sévère l’ancien condamné qui, ayant subi sa peine, a besoin d’être guidé et soutenu pour trouver un travail dont il puisse vivre honorablement.

Ces vœux, que nous exprimons avec une conviction profonde, issue de l’étude même que nous venons de faire, se réaliseront-ils ? Nous n’osons l’espérer. La