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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/262

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France est un pays où l’initiative privée ne se manifeste guère qu’en fatiguant le gouvernement de ses demandes. C’est par de telles mesures cependant qu’on arriverait à diminuer le nombre des criminels qui nous menacent de plus en plus, et aussi en créant des colonies pénitentiaires d’outre-mer, en y envoyant sans merci tous les individus coupables de crimes qualifiés ou convaincus de récidive, et en se rappelant l’admirable parti que l’Angleterre a su tirer de ce genre d’institutions à l’aide desquelles elle a porté la civilisation au bout du monde.

Appendice.Dans le chemin de ronde du dépôt des condamnés (Grande-Roquette), à l’endroit où les otages ont été fusillés, on a placé une plaque de marbre avec une inscription : Respect à ce lieu témoin de la mort des nobles et saintes victimes du XXIV mai MDCCCLXXI ; puis suivent les noms : Darboy, Bonjean, Deguerry, du Coudray, Clerc, Allard.

Une infirmerie centrale pour les prisons de Paris a été créée à la prison de la Santé ; elle est installée dans des conditions hygiéniques et confortables que l’on voudrait rencontrer dans bien des hôpitaux. Elle est desservie par un médecin, un chirurgien et deux internes ; elle recueille et soigne tous les détenus malades. Les salles sont spacieuses, très-aérées et baignées de lumière ; une pharmacie bien pourvue, un laboratoire convenablement outillé en forment les annexes. Cette infirmerie a un double avantage : elle débarrasse les prisons où les malades ne recevaient pas toujours les soins indispensables, et elle permet à la préfecture de police de refuser imperturbablement ces autorisations souvent scandaleuses que l’on accordait jadis. Les condamnés civils appartenant à un certain groupe du monde, comme furent le prince de B., M. de B.-V, M. O. et tant d’autres qui autrefois, grâce à des protections efficaces et à des certificats livrés par des médecins complaisants, faisaient leur temps dans une maison de santé, ont perdu le bénéfice de leur position sociale. Lorsqu’ils prétextent des cas graves de maladie, on les dirige sur l’infirmerie centrale ; le médecin décide, après examen, s’ils doivent y être maintenus ou s’ils sont en état de supporter régulièrement la peine que les tribunaux ont prononcée contre eux.

La maison de correction paternelle (Petite-Roquette) semble vouloir se relever de ses ruines. Un directeur intelligent a pris sa