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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/328

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nuscrit que j’ai déjà cité, des maisons, des granges, des bois, des prés et des terres, avec beaucoup de domestiques, et elle fit mettre les armes et la sauvegarde du roi sur tous ces lieux. »

Les successeurs de François Ier furent moins tolérants et voulurent nettoyer ces cloaques ; ils échouèrent devant des habitudes traditionnelles, et surtout contre une force d’inertie qui défiait les menaces. Les choses en arrivèrent à un tel scandale, que Charles IX y mit de la colère. Il fit rendre une ordonnance par le prévôt de Paris, qu’il déclara personnellement responsable, et le 27 mars 1565 le Hueleu fut vidé. On n’y gagna rien ; la débauche, forcée de fuir son antique retraite, se répandit dans les rues voisines, et finit, en se disséminant de proche en proche, par échapper à toute surveillance. Certains actes publics ont conservé les noms que portaient ces malheureuses ; ils ont une sorte de saveur moyen âge qui nous étonne aujourd’hui : elles s’appelaient Thomasse la Courtoise, Jehannette la Commune, Perrette la Vilaine, Catherine aux Lardons, Étiennette la Chèvre. Ainsi qu’on le voit, l’usage des sobriquets sous lesquels les filles dissimulent leur identité n’est point nouvelle, et l’histoire en a gardé la trace, mieux sans doute qu’elle ne conservera celle des Camélia, des Baccara, des Bastringuette, des Mousqueton et des Carabine de notre temps.

Ce fut Louis XIV qui le premier et d’une façon régulière essaya, par l’organisation de l’hôpital général, de mettre un peu d’ordre dans ce monde très-nombreux, particulièrement insoumis, redoutable à cause de ses accointances, vivant exclusivement de méfaits, qui, de tout temps, a formé au milieu de Paris cette bestiale armée du vice toujours combattue, toujours recrutée, toujours debout. On va appliquer aux mœurs la raison d’État, qui jusqu’alors a paru exclusivement réservée à