Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/391

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adressées, et qu’augmentent chaque jour la misère et le manque d’ouvrage.

C’est alors que nous avons eu le bonheur inespéré de nous adresser à MM. Hunebelle, dont l’incomparable générosité nous a sauvées. Aucun terme ne peut rendre notre reconnaissance. Grâce à eux, sans faire d’avances, sans savoir si nos indemnités nous permettraient de nous acquitter, nous avons relevé nos murs, et ils ont voulu le faire dans des proportions telles, que, si jamais nous en avons les moyens matériels, nous pourrons, sans faire de nouvelles constructions, doubler à peu près le nombre de nos enfants, et le porter à 200.

En ce moment (juillet 1874), les murs sont relevés, mais il faut subvenir à tous les frais de mobilier et renouveler enfin les vêtements et le linge de la maison. Après l’incendie, toutes nos enfants n’avaient absolument que les vieilles robes et le linge quelles portaient sur elles. Pour donner à chacune un mouchoir, une paire de bas et une chemise, il fallait 1 000 francs ; ainsi du reste. Elles ont vécu depuis lors dans de grandes privations inévitables, avec une pénurie de linge qui devenait une véritable souffrance, et qui est arrivée à des limites extrêmes. Tout étant à renouveler à la fois pour un si grand nombre de personnes, la dépense est nécessairement considérable. Et cependant, combien il est nécessaire d’adopter un plus grand nombre de ces infortunées ! Nous avons le cœur navré de ne pouvoir accueillir celles qui nous demandent en grâce de les sauver, car c’est les repousser fatalement dans le mal. Cependant le renouvellement de la maison se fait assez vite et les admissions sont nombreuses, parce que les familles redemandent parfois leurs enfants, et que d’ailleurs beaucoup de ces infortunées, jetées dans le vice presque dès l’enfance, entrent au Bon-Pasteur poitrinaires et n’y vivent que peu d’années. Nous avions, au moment de l’incendie, 135 lits de pénitentes au Bon-Pasteur. Il a fallu, faute de place à Vaugirard, remettre dans leur famille un certain nombre d’entre elles. Nous en avons en ce moment 109. À mesure que nous aurons les moyens de refaire des lits et des trousseaux, nous pourrons reprendre d’abord notre ancien chiffre, puis augmenter d’une nouvelle classe entière. »



fin du troisième volume.