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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/52

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ques curieux spécimens des vieux tapis-francs d’autrefois. Dans une ruelle, à côté de la boutique dégoûtante d’un tripier, en face d’un marchand de vieux habits dont les défroques balancées par le vent traînent jusque dans le ruisseau, s’ouvre une porte basse et vitrée qui donne entrée dans un couloir étroit, pavé, resserré entre un comptoir d’étain grisâtre et une rangée de tonneaux : au fond, une petite salle carrée, grise de poussière, imprégnée d’une détestable odeur de lie de vin, abrite quelques buveurs assis, ou plutôt écroulés sur des tabourets dépaillés : c’est la bibine du père Pernette. Accotés contre les murailles, couchés par terre, vautrés sur des bancs graisseux, des hommes dorment alourdis par la dure ivresse de l’absinthe ; des femmes dépenaillées, dont la laideur et la flétrissure rappellent les sorcières de Macheth, ont, dans leur voix cassée, enrouée, éraillée par l’alcool, des inflexions encore caressantes pour demander à boire. Si ce n’est l’enfer, c’en est le vestibule ; cependant ce bouge terne, suintant le vice, est moins repoussant qu’un vaste cabaret situé non loin de là, qui porte un nom redoutable : la Guillotine, et qui se trouve établi sur l’emplacement où Sainte-Croix, l’amant de la Brinvilliers, avait son laboratoire secret. On y monte par un perron ; trois vastes chambres garnies de bancs et de tables en bois sont pleines de buveurs pressés les uns contre les autres ; quelques-uns ont apporté de la charcuterie, du pain, et mangent avidement, silencieusement, dans leur coin, comme des loups affamés. C’est là que viennent les pires espèces du genre voleur ; quelques chiffonniers rôdent parmi eux, et les femmes leur parlent avec une soumission dont l’expression est navrante. Lorsque j’y suis entré un soir, avant onze heures, le cabaret regorgeait de monde. Quelques groupes d’hommes réunis, les coudes sur la table, le visage caché par les mains,