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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/78

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longue capote et en été d’un frac disgracieux, au collet duquel apparaissent en broderies d’argent le numéro de leur division, la lettre de la brigade et un chiffre qui, leur étant particulier, permet en toute circonstance de faire remonter jusqu’à eux la responsabilité de leurs actes ? Tous, ou bien peu s’en faut, sont d’anciens sous-officiers, sortis de l’armée avec des états de service irréprochables. Il n’y a pas de corps qui se recrute avec de plus sévères précautions. Nul n’en peut faire partie s’il n’a donné preuve de moralité et de sobriété. La discipline, malgré une forme extérieure assez large, est très-dure. Deux infractions aux règlements dans la même année, deux cas d’ivresse par exemple, entraînent l’expulsion. Cette rigueur n’est que légitime, et elle doit servir de frein à des hommes qui sont dépositaires d’une autorité limitée, mais encore considérable, destinée à assurer la sécurité urbaine.

L’indice apparent de leur mission et du pouvoir qu’ils représentent est une épée à poignée de cuivre marquée aux armes de la ville de Paris. Bien des gens, fort calmes du reste, s’élèvent avec une certaine chaleur contre cette arme confiée aux sergents de ville, et qui le plus souvent reste inoffensive au fourreau. Le jour où on les désarmera, les malfaiteurs deviendront leurs maîtres et nos rues seront le théâtre d’ignobles luttes à coups de poing et à coups de pied. La vue seule de l’épée est un réfrigérant pour bien des colères et a paralysé plus d’une velléité de résistance. On a souvent proposé de leur donner le bâton des policemen anglais, qui, dit-on, n’est simplement qu’un emblème d’autorité. Emblème à tête de plomb qui tue un homme aussi sûrement qu’un coup de feu ; casse-tête orné, il est vrai, du chiffre de la reine et de la devise : Honny soit qui mal y pense ! mais casse-tête redoutable, qui dans les bagarres donne lieu à des contusions infailliblement mortelles.