Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/11

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aide qui leur permettait de traverser des circonstances difficiles. Les prédicateurs ne gardaient sans doute que peu de mesure, car, après avoir entendu un sermon de Bernardin de Feltre, le peuple de Florence pilla les maisons juives.

Par suite d’une de ces jalousies de corps si fréquentes entre les ordres religieux, les dominicains accusèrent les récollets de favoriser l’usure ; les prêteurs sur gages firent chorus avec les dominicains ; la querelle s’envenima, on se battit à coups de textes empruntés aux Écritures saintes et aux pères de l’Église. Pour mettre fin à la dispute, il ne fallut rien moins qu’une décision du concile de Latran, qui approuva les Monts-de-Piété, tout en déclarant qu’ils ne devaient exiger que l’intérêt strictement indispensable à leurs frais d’administration. La religion catholique, en prenant ce genre d’établissement sous sa protection, en assurait l’existence et en préparait l’avenir.

Ce fut Théophraste Renaudot, le vrai père du journalisme et le créateur de la Gazette de France, dont le premier numéro parut le 1er mai 1631, qui imagina d’installer un Mont-de-Piété à Paris ; pour lui ce doit être une œuvre exclusive de charité ; il rappelle le mot de l’Évangile : « Prestez sans rien espérer. » Vers 1630, Richelieu le nomma commissaire général des pauvres ; en 1641, le ministre même lui vient en aide et défend qu’on le gêne dans l’exercice de sa bienfaisance : il s’agit là sans doute d’une sorte de banque de prêt qu’il semble avoir momentanément ouverte pour venir au secours de la noblesse pauvre ; toutes ces origines sont du reste fort obscures, et il est assez difficile d’en tirer un document positif[1].

  1. Th. Renaudot a parlé de ses projets dans l’étrange livre qu’il a publié sous le titre de : Recueil général des questions traitées dans les conférences du bureau d’adresses sur toutes sortes de matières, par les