Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/122

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musée, d’autres dans des couloirs ; j’en ai vu le long des murs d’un escalier de service. Telle est notre école théorique de médecine, où 3 000 jeunes gens environ se pressent chaque jour.

Quant à l’école pratique, c’est un charnier. Établie sur une petite portion de l’ancien couvent des cordeliers, elle s’ouvre sur la rue de l’École-de-Médecine et s’étend jusqu’aux Cliniques dont elle est mitoyenne. La chapelle a été utilisée tant bien que mal ; on y a installé un musée pathologique extrêmement intéressant, mais où les objets sont tellement entassés qu’ils échappent forcément à l’observation. Dans une cour, qui n’est pas plus ample qu’il ne faut, on a construit des pavillons destinés aux nécropsies et aux dissections ; sur les tables, les cadavres en décomposition ou conservés à l’aide d’injections d’acide phénique répandent une épouvantable odeur qui empoisonne le quartier et va souvent troubler jusque sur leur lit de souffrance les malades couchés dans l’hôpital voisin. Mettre un tel établissement, particulièrement insalubre, dans une rue très-populeuse, au milieu d’un groupe de maisons qui le dominent et qu’il infecte, c’est une idée tellement singulière qu’elle est inexplicable.

Deux ou trois professeurs ont là leurs laboratoires de physiologie, dont l’un est situé au second étage ; on peut se figurer ce que c’est que le transport des cadavres et des débris humains dans des conditions pareilles. Ces inconvénients ne sont ignorés de personne ; tout le monde sait qu’un laboratoire de physiologie doit être de plain-pied avec le sol, orienté au nord, muni de larges fenêtres et ventilé à outrance. Soit : mais lorsqu’on n’a pas de place pour mettre une salle au rez-de-chaussée, on la construit sur une autre ; où la superficie fait défaut, on a recours à la superposition. Dans ces sortes d’endroits, où la décomposition rapide offre le double