Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

role comme devise et avoir le courage de tirer toutes les conséquences qu’elle renferme, on pourrait regarder tranquillement du côté de l’avenir et croire, sans illusion, à cette régénération dont jusqu’à présent l’on s’est contenté de trop parler.

Appendice.L’enseignement primaire continue à être à Paris l’objet des sollicitudes de la préfecture de la Seine, qui semble prendre à tâche de lui donner une ampleur irréprochable ; mais ce n’est là, pour ainsi dire, qu’un effort individuel et local ; la France n’a point fait de grands progrès sous ce rapport. L’Assemblée nationale aura vécu cinq années sans trouver le loisir d’aborder sérieusement la question de l’enseignement obligatoire, qui, malgré les vœux unanimes des conseils généraux, malgré le cri poussé, après nos défaites, par la population tout entière, se trouve ajournée, sinon rejetée à l’oubli. Il y a là un dédain du devoir, un abandon du mandat que l’histoire jugera avec sévérité et dont la nation aura singulièrement à pâtir.

L’enseignement secondaire distribué par l’Université et par quelques ordres religieux n’est pas encore parvenu à sortir de sa vieille ornière ; il se traîne toujours entre les vers latins et le discours latin pour aboutir au concours général. Cependant le mode des examens du baccalauréat ès lettres a été modifié ; un décret du Président de la République, en date du 25 juillet 1874, détermine les conditions nouvelles imposées aux candidats qui, à partir du 1er octobre 1875, seront soumis à deux séries d’épreuves, séparées par une année d’intervalle.

Nous devons signaler, dans l’enseignement secondaire, une tentative des plus importantes issue de l’initiative privée. Quelques hommes de cœur et de savoir, frappés de l’insuffisance des méthodes qui fatiguent les enfants sans les instruire, se sont réunis et ont fondé une institution sur des principes absolument nouveaux et différents de ceux qui servent de base à l’enseignement universitaire. Entreprise en 1871, dans les proportions les plus modestes, l’École Monge a pris un développement extraordinaire et mérité. Mettant en œuvre les grands préceptes pédagogiques de Pestalozzi et de Frebœl, on vit avec les enfants dans un échange d’idées perpétuel ; passant du simple au composé, du concret à l’abstrait, ne sortant jamais d’un sujet sans l’avoir approfondi et éclairé sous toutes ses faces, on s’adresse toujours à l’observation, au raisonnement, et l’on ne demande à la mémoire que de venir en aide à la réflexion. Il n’y a pas de classe, à proprement parler, il n’y a que des conférences, où maîtres et élèves sont en communication perma-