Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/166

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reusement surpris de trouver moins bien outillée que la dernière de nos écoles primaires : c’est la salle de dessin. Quelques vieux modèles en ronde bosse, deux ou trois bustes à pans coupés, épaves de cette méthode Dupuis, dont le temps a heureusement fait justice, quelques mauvaises estampes sans style ni caractère, qu’on dirait achetées au hasard et au rabais sur les quais, c’est là tout ce qu’on offre à des enfants pour qui l’étude du dessin devrait être poussée aussi loin que possible. Il y a là certainement une erreur, un oubli qu’il est facile de réparer. Les modèles d’ornementation sont aussi pauvres que les modèles d’art ; toutes ces vieilleries doivent être jetées au panier sans délai et renouvelées au plus tôt.

C’est là du reste le vice très-apparent de l’institution ; l’élément plastique, utile à tout le monde, indispensable à des enfants qui demandent tout au sens de la vue, fait radicalement défaut. Je n’y ai aperçu que deux ou trois vieilles cartes géographiques. Un seul tableau emphatique et prétentieux occupe le fond d’un couloir ; sous prétexte d’histoire, il représente un fait romanesque, absolument faux, emprunté non pas à la biographie de l’abbé de l’Épée, mais à la comédie de Bouilly. Je ne demande pas que l’on fasse de l’Institut des sourds-muets une succursale du musée de Versailles, mais il faut parler aux yeux de ceux qui ne peuvent entendre. Sur ces vastes murailles dont la nudité est désolante, je voudrais voir des séries de gravures et de lithographies, de cartes et de planches d’histoire naturelle ; je voudrais qu’on pût montrer à ces malheureux les principaux épisodes de notre histoire nationale, l’aspect des diverses contrées du globe, l’image des différentes nations, et qu’ils eussent, une fois par semaine, une séance de microscope à gaz.

Ne pourrait-on pas utiliser une portion du jardin à