Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/230

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que désormais toute concession nouvelle sera faite à prix d’argent. L’exemple de la soumission fut donné de haut, mais ne servit guère ; le surintendant Fouquet paye 10 000 livres pour un pouce d’eau qui lui est accordé, le 4 juin 1655, sur les sources de Belleville et des Prés-Saint-Gervais. On a beau rassembler à l’Hôtel de Ville les clefs de tous les regards, menacer de peines sévères ceux dont la consommation dépasserait le droit de prise, on ne peut parvenir à régulariser la distribution. L’eau est littéralement au pillage, et les contestations sont aussi fréquentes qu’elles seraient fastidieuses à rapporter. Grâce pourtant à ces arrêts toujours semblables, à ces interdictions éludées, à ces règles définitives qui ne duraient pas vingt-quatre heures, on sait exactement la somme d’eau répandue dans Paris. Un état de distribution arrêté le 22 mai 1669, désignant séparément Arcueil, Belleville, les Prés-Saint-Gervais, mais omettant intentionnellement le produit de la Samaritaine, consacré aux logis royaux, nous apprend que le nombre des fontaines, ou regards publics, était de trente-cinq ; vingt-trois pouces d’eau étaient distribués dans la ville : treize pouces alimentaient les fontaines banales, dix pouces étaient attribués à cent cinquante-deux concessions privées. Paris consommait donc à cette époque 460 000 litres d’eau de source, dont 200 000 étaient soustraits en faveur des particuliers et des couvents.

En présence d’une pénurie pareille, il fallait aviser, d’autant plus que la sécheresse extraordinaire des années 1667, 1668 et 1669 avait singulièrement appauvri le rendement des sources ; aussi ce fut encore à la Seine, à ses eaux contaminées, que l’on eut recours. Au-dessous de la troisième arche du pont Notre-Dame, il existait alors un moulin à blé. Daniel Jolly, chargé de diriger les machines de la Samaritaine, proposa en 1670