Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/252

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lorsqu’il souffle avec violence, fait osciller cet immense tire-bouchon, qui pèse 100 000 kilogrammes, et qu’un tel poids mobilisé suffit à ébranler les bases les plus solides. Cela du reste n’a rien d’inquiétant, et il faudra probablement quelques siècles avant que tout cet échafaudage en fer s’abatte par un jour d’orage.

Le bassin qui reçoit la source souterraine est à 41m,75 au-dessus du sous-sol. L’eau y arrive belle, limpide, en une large nappe qui ressemble à un immense diamant cabochon. Elle est très-agréable au toucher, tiède et comme savonneuse ; mais elle dégage une odeur très-accentuée d’hydrogène sulfuré. La vasque qui la reçoit est tapissée d’une sorte de crème jaunâtre qui est du soufre. L’eau en contient une portion appréciable dont elle se débarrasse dans ce récipient, où elle prend aussi la quantité d’oxygène qui lui est nécessaire ; elle redescend par deux tuyaux qui la mènent dans des conduites aboutissant aux réservoirs de la Vieille-Estrapade, où elle n’arrive jamais, car les branchements particuliers la prennent au passage. Le volume était considérable au début, mais le puits ne donne guère actuellement que 374 mètres cubes par jour, ce qui est fâcheux, car l’eau qu’il produit est excellente et d’une douceur incomparable. La nappe souterraine où le tubage va la chercher n’a point diminué d’importance, mais M. Constant Say y a fait un emprunt en forant le puits de sa raffinerie du boulevard de la Gare, et le puits artésien du bois de Boulogne s’y abreuve, de sorte que le puits de Grenelle se trouve appauvri par ses voisins. Que lui restera-t-il lorsque les puits commencés auront rencontré l’eau ?

Le puits de Passy, qui a 586m,50 de profondeur, fournit 500 à 600 mètres en vingt-quatre heures. Il a demandé bien des travaux : de septembre 1855 jusqu’au 24 septembre 1861, l’opération ne marcha pas toujours