Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/266

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porter l’urne où devait reposer à toujours le cœur de Henri II, et qui sont les portraits de Catherine de Médicis, de la marquise d’Étampes et de madame de Villeroi. La ville fournit l’eau et le filtre placé au bas de la fontaine afin que le jet arrive toujours pur. C’est là une idée très-charitable et ingénieuse. L’appareil est assez élégant pour ne pas déparer nos rues, et le passant altéré peut sans peine boire un bon coup d’eau fraîche. Chacune de ces fontaines est munie de chaînettes auxquelles des vases en fer sont attachés. Veut-on savoir combien on avait déjà volé de gobelets au mois de mars 1873 ? — Soixante-trois.

La part réclamée pour les usages privés augmente de jour en jour, et l’on est en droit d’espérer que d’ici à quelques années toute maison aura son réservoir spécial et l’eau nécessaire aux personnes qui l’habitent. La ville impose la condition de prendre une concession d’eau aux entrepreneurs qui font bâtir sur des terrains vendus par elle ; cette mesure excellente devrait être indistinctement étendue à toute construction nouvelle. Les propriétaires n’y perdraient rien, car ils sauraient, sans aucun doute, augmenter les baux en conséquence.

Bien des compagnies industrielles se sont successivement formées pour distribuer l’eau à prix d’argent dans les maisons de Paris ; toutes ont fini par sombrer, et la ville a recueilli leur héritage ; mais lorsque le décret du 16 juin 1859 eut annexé à Paris les communes suburbaines, on se trouva en présence d’une compagnie sérieuse, qui avait fait de grands frais d’installation, qui était propriétaire d’établissements hydrauliques importants, et qui desservait ce qu’alors on appelait la banlieue. Ne pouvant la déposséder sans commettre une grave injustice, la ville transigea avec elle. Un traité intervenu le 11 juillet 1860 transforma la Compagnie générale des eaux en régie intéressée. La ville se substitua