Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/267

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à elle dans la possession des établissements et dans le droit de vendre l’eau ; en échange, la compagnie reçoit pendant cinquante ans une somme annuelle de 1 160 000 francs, payée mois par mois ; à titre de prime, le quart de la somme excédant une recette de 3 600 000 francs à 6 millions et le cinquième de la somme excédant 6 millions. Elle est chargée de faire les abonnements, de surveiller la distribution des eaux dans les propriétés particulières, de filtrer l’eau vendue dans les fontaines marchandes, de faire les perceptions et d’opérer toutes les semaines entre les mains de qui de droit le versement des sommes encaissées. Ces conditions me semblent excessives et très-onéreuses pour la ville de Paris.

Les abonnements particuliers s’accroissent dans de notables proportions ; on en comptait 21 921 en 1860 ; au 31 décembre 1872, ils étaient au nombre de 37 889. Le total des maisons de Paris est de 63 963 : il y en a donc près de la moitié qui ne reçoivent pas encore d’eau et qui en sont réduites à la demander à des hommes qui l’achètent à l’administration pour la revendre aux particuliers. Ce sont les porteurs d’eau, qui font un métier pénible, mais assez lucratif. Qui ne se les rappelle parcourant nos rues, la sangle aux épaules, les seaux en main et criant d’une voix lamentable : À l’eau-au ! Nous sommes débarrassés de leurs clameurs, et eux-mêmes ne tarderont pas à disparaître. La diminution est rapide : 1 253 en 1860 ; aujourd’hui 800, sur lesquels 79 ont des tonneaux traînés par un cheval ou par un âne, et 721 des tonneaux à bras, auxquels ils s’attellent et qu’ils manœuvrent avec effort. Ils ne sont pas libres de remiser pendant la nuit leurs tonneaux où bon leur semble ; on a dû penser aux incendies et savoir où l’on pourrait trouver une réserve d’eau pour porter les premiers secours. On leur a donc assigné soixante-trois emplacements où