France aura autant d’eau à sa disposition que la Rome des Césars.
Appendice. — La recette hydraulique a été de 7 279 890 francs pour l’exercice 1873. Le 6 juillet 1874, la Vanne a fait son entrée à Paris ; elle est une cause de très-légitime orgueil pour l’éminent ingénieur auquel nous la devons ; le 8 mars 1875, M. Belgrand m’écrivait : « Puisque vous vous intéressez à nos affaires, venez si vous êtes libre, me prendre chez moi demain matin ; je vous attendrai jusqu’à huit heures et demie. Si vous ne venez pas, j’irai, seul voir la plus belle source qui jamais ait lui au soleil. »
Au bout de la rue de la Tombe-Issoire, près des fortifications, entre les portes d’Arcueil et d’Orléans, on aperçoit une immense pyramide très-tronquée, bâtie en pierres meulières et sertie au sommet d’une margelle en pierres de taille ; c’est le réservoir bâti pour aménager ce fleuve qui nous arrive sur les épaules d’un aqueduc long de 135 kilomètres, auxquels il faut ajouter 20 kilomètres d’aqueducs collecteurs qui rassemblent les sources. Plus ample et plus extraordinaire encore que le réservoir de la Dhuis, le réservoir de la Vanne peut contenir 300 000 mètres cubes d’eau ; il a 270 mètre de longueur, 140 mètres de largeur ; il est à deux étages ; à chaque étage il est divisé par un mur de séparation en deux compartiments, dont chacun forme un carré de 130 mètres de côté ; le réservoir supérieur est à la cote 80, c’est-à-dire à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer ; le réservoir inférieur est à la cote 74 ; 3 600 piliers soutiennent les voûtes, revêtues d’un beau ciment qui brille comme du stuc argenté. On semble avoir accumulé les difficultés pour mieux s’en jouer ; cette énorme construction, destinée à supporter sans fléchir un poids exorbitant, est élevée sur nos anciennes carrières, sur les catacombes ; les seuls travaux de consolidation ont coûté 900 000 francs. L’eau sortant de son canal tombe en une large nappe dans un bassin semi-circulaire revêtu de faïence blanche ; elle est bleu pâle, admirable, limpide et mérite l’inscription que sa belle transparence laisse facilement lire : Splendore et rigore gratissima. — Pourquoi, sur une plaque commémorative, n’a-t-on pas gravé le nom des ingénieurs, MM. Belgrand et Buffet, qui ont accompli ce chef-d’œuvre et ce tour de force ?
Un projet à l’étude aurait pour résultat, s’il était réalisé, de réserver les eaux de la Dhuis et de la Vanne pour la consommation et d’employer les eaux de Seine, d’Ourcq, du Midi et du Nord, au service de la salubrité et à l’alimentation des fontaines monumentales. Pour parvenir à ce but hygiénique, il serait nécessaire d’établir partout une double canalisation, ce qui entraînerait une dépense devant laquelle on aura peut-être le tort de reculer.