Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/344

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éveille toujours une douce impression dans les âmes rêveuses ; pendant que nous descendions au cours de l’égout dans la rue Royale, un monsieur placé derrière mon banc chantait à demi-voix :

Un soir, t’en souviens-tu ? nous voguions en silence…

On se tromperait, si l’on jugeait tous les égouts de Paris d’après ceux que l’on montre aux Parisiens et aux étrangers ; on leur fait voir « le dessus du panier » ; mais, pour n’avoir pas un caractère de grandeur aussi imposant, ceux où l’on ne se promène guère ne sont pas moins excellemment construits et disposés pour le service qu’on en exige. Il y a douze types d’égouts différents, depuis le grand collecteur de la rive droite auquel de larges trottoirs, une voûte élevée, une cunette profonde, donnent l’apparence d’un véritable canal sous tunnel, jusqu’à l’égout qui pénètre dans les maisons privées, et dont la forme ressemble à celle d’un œuf dont on aurait abattu la pointe. Sur ces douze modèles, trois seulement sont dépourvus de banquettes, les autres en ont ; ces banquettes sont plus ou moins amples, mais toujours suffisantes pour faciliter le nettoyage.

Si vastes que soient les dimensions d’une galerie d’égout, on y courrait risque de la vie, si toute précaution n’avait été prise pour éviter le danger. On ne peut s’imaginer avec quelle rapidité foudroyante un égout se remplit lorsque éclate un orage. Le 27 juillet 1872, une trombe d’eau s’abattit sur Paris ; en moins de cinq minutes l’eau baignait la voûte de l’égout Rivoli et de l’égout Sébastopol ; la date, peinte sur plaque de porcelaine, est incrustée dans les murailles. Dans ce cas les ouvriers surpris sont perdus ; quelques efforts qu’ils fassent, le tourbillon les emportera. On a donc disposé des puits qu’on appelle des regards, à l’aide desquels