Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/345

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un ouvrier, grimpant à des échelons de fer scellés dans la muraille, parvient facilement à cette plaque de fonte bien connue qu’on nomme indifféremment la bonde ou le tampon, et qui donne accès sur le sol de la voie publique. Selon que l’égout est plus ou moins large, que la pente est plus ou moins inclinée, qu’il peut être, en un mot, inondé plus ou moins promptement, on a multiplié les regards de 50 en 50 mètres, de 100 en 100 mètres, et l’on a réussi de cette façon à éviter tout accident. Le nombre de ces regards est considérable : il en existe aujourd’hui 6 730. Du reste, dès que le temps menace, un signal est donné et tous les ouvriers employés dans les égouts ont ordre de remonter immédiatement.

Pour bien apprécier l’ampleur du grand collecteur, comprendre l’ingénieux système de curage mis en œuvre aujourd’hui, il faut descendre à la chambre de la Pépinière et s’en aller jusqu’à l’embouchure en Seine : c’est une course de six kilomètres, mais elle est instructive et mérite d’être faite. La voûte de l’énorme galerie est en ciment poli ; elle paraît en stuc. Cette voûte est d’une sonorité sans pareille ; elle augmente les bruits et les porte si loin, qu’un coup de cornet donné au regard de la Pépinière est entendu distinctement à l’issue même de l’égout. Tout un système de signaux sonnés de cette manière constitue une téléphonie qui permet de correspondre à de très-grandes distances. Dans les égouts dont la voûte est en pierres meulières, il n’en est point ainsi : le son laisse quelque chose de lui-même à chacune des aspérités de la muraille, il s’appauvrit à mesure qu’il avance, et meurt de faiblesse à 200 ou 300 mètres. Tous les chefs d’équipe sont munis d’un huchet comme les aiguilleurs de chemin de fer, et peuvent ainsi commander la manœuvre sur plusieurs points à la fois.