Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/347

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quarto ; cette vanne est assez large pour oblitérer presque complètement le chenal et assez haute pour descendre jusqu’au radier de la cunette. Un mécanisme fort simple permet de l’abaisser ; elle retient l’eau qui est derrière elle ; celle-ci, ne trouvant plus d’autre issue que les trois ouvertures ménagées à la base de l’obstacle, s’y précipite avec violence, entraînant toutes les parties solides qu’elle tient en suspension, et par ce seul fait nettoie absolument le lit même de l’égout ; le courant qu’elle détermine fait glisser le bateau, qui s’avance poussant devant lui la masse vaseuse jusqu’à l’embouchure de la galerie même. C’est d’une puissance irrésistible.

Dans les égouts trop étroits pour contenir ces gros bateaux-vannes, on fait une manœuvre identique avec des wagons que l’on dirige sur les bords des trottoirs. L’économie de temps et d’argent réalisée par ce moyen est considérable ; les bateaux et les wagons ont déjà rendu au centuple le prix que la construction en a coûté. L’égout est disposé de telle sorte qu’on peut facilement en mettre certaines parties à sec, comme l’on fait dans les ports de mer lorsqu’on veut réparer un bassin ; des écluses spécialement réservées à cet objet sont disposées le long du parcours à un kilomètre de distance ; elles figurent de loin assez exactement la moitié d’un disque de chemin de fer qui serait dressé à hauteur de la voûte par deux bras articulés plantés de chaque côté de la banquette. Tout l’appareil est en fer ; un treuil muni d’une manivelle fait descendre ou remonter l’écluse, selon qu’il en est besoin.

Je continuais ma route, suivant les rives de ce torrent de couleur désagréable, et je remarquais que le courant est si rapide, que toutes les matières légères étaient invisibles, car elles coulaient entre deux eaux. Pour les faire apparaître, on manœuvra une écluse ; elle s’abaissa,