Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/351

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coudes de la Seine, qui à cet endroit même lui font un rempart de trois rivières dont tous les ponts étaient rompus ; on savait que ces moyens d’attaque, bons tout au plus à surprendre un village dépeuplé, étaient illusoires et ridicules avec une capitale qui comptait plus de 500 000 hommes armés. Il n’en fallut pas moins céder à ce que l’on nomme l’opinion publique ; pour lui donner une satisfaction apparente, on mura la galerie à deux ou trois places, de façon à n’y laisser qu’un étroit passage par où les ouvriers pouvaient au besoin se glisser un à un. Cette maçonnerie inutile fut démolie aussitôt après la signature de l’armistice ; l’égout était libre, et pendant la Commune, lorsque déjà les troupes de la France étaient maîtresses d’Asnières, elles n’ont point songé à prendre cette route souterraine pour s’introduire au cœur de la place qui les attendait.

Lorsqu’elles eurent vaincu l’insurrection la plus sacrilège et la plus longuement préparée que jamais l’on ait vue, lorsque en présence des Allemands campés aux portes de Paris nos soldats eurent abattu le drapeau rouge qui maculait nos édifices, on visita attentivement les égouts. La légende populaire, immédiatement formée, affirmait que des bandes d’insurgés s’y étaient réfugiées et qu’on s’y livrait des combats à outrance. Ceci est une fable qui ne mérite même pas qu’on la réfute ; on n’y trouva personne, mais en revanche on y découvrit un arsenal complet. Les bouches d’égout avaient reçu les armes de ceux qui fuyaient et qui ne se souciaient point de pousser l’aventure jusqu’au dénoûment. En outre, pendant le règne de la Commune, lorsque les visites domiciliaires commencèrent, bien des honnêtes gens demeurant à Paris et possédant quelque fusil, reçu ou acheté pour lutter contre les bataillons de la Prusse, craignirent d’être inquiétés, arrêtés, otages, et se débarrassèrent comme ils purent des engins de guerre dont