Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/103

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Un recensement général de la population de Paris fut ordonné dès les premiers jours du siège ; il y avait un intérêt majeur à savoir avec exactitude à quel nombre d’individus devaient suffire les ressources alimentaires qu’on s’était hâté d’accumuler ; en connaissant le chiffre réel des assiégés, en calculant le rationnement des vivres, on pouvait déterminer à un jour près la date à laquelle la famine ouvrirait nos portes et subirait la paix. On évaluait à 75 000 environ la quantité de gens qui avaient quitté Paris, soit pour fuir le danger, soit pour aller le chercher ailleurs, ou tout simplement parce qu’ils se rangeaient dans la catégorie des « bouches inutiles » dont les proclamations avaient parlé ; mais le vide laissé par ce nombre restreint d’émigrants, qui comprenait les étrangers et les Allemands expulsés, avait été promptement comblé et au delà par la masse de paysans, d’habitants des petites villes voisines qui s’étaient hâtés de venir s’abriter derrière l’enceinte de nos fortifications aussitôt qu’ils avaient entendu retentir la marche de l’armée prussienne. Au mois de décembre 1870, le travail de dénombrement fut complet : Paris avait alors une population de 2 020 017 habitants, dont 234 219 réfugiés. C’est donc sur ce chiffre que portent les observations relatives à la période d’investissement.

Le dernier mois normal de Paris, c’est août 1870 : les décès sont de 4 942, c’est une moyenne ordinaire ; dès le mois de septembre, la proportion tend à s’accroître, cependant rien encore n’a manqué aux exigences de la vie matérielle : on a des bestiaux vivants, la température est douce, la nourriture d’aucune sorte n’est rationnée, on a plus d’espérances qu’il n’est raisonnable, mais l’inquiétude vague qui plane partout

    mée françaises fourni 7 272 201 journées d’hôpital, dont 1 934 313 pour blessures et 5 337 888 pour maladies.