pression de regrets éprouvés ; elle semble n’être qu’un acte de politesse pour les survivants. On tâche de n’oublier personne, afin de ne point faire de mécontents. « regretté de son père, de sa mère, de sa tante Ursule, de sa cousine Anna, des amis et de toutes les connaissances en général de sa famille. » On peut lire cela sur le tombeau d’un enfant, dans un des cimetières de notre ancienne banlieue. Cela semble de rigueur dans un certain monde et se renouvelle à chaque tombeau, surtout aux tranchées gratuites et aux concessions temporaires. Cette vieille rhétorique funéraire est bien entrée dans nos mœurs et elle y régnera longtemps encore. Un nom, une date, pourraient suffire ; des hommes de génie s’en sont contentés, Cuvier entre autres.
L’épitaphe remarquable est ce qu’il y a de plus rare ; parmi toutes celles que j’ai lues dans nos cimetières, laquelle pourrais-je citer ? Celle de Boufflers peut-être : Mes amis, croyez que je dors. » Au temps de mes voyages, j’ai trouvé dans le champ des morts d’une ville de la Cœlé-Syrie le tombeau d’un homme qui était né sur les bords du Gange ; j’ai relevé l’inscription qui se déroulait sur le cippe funéraire ; la voici : « Soumise à la vieillesse et aux chagrins, affligée par les maladies, en proie aux souffrances de toute nature, unie à la passion, destinée à périr, que cette demeure humaine soit abandonnée avec joie ! » C’est un verset des lois de Manou.