Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/260

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de la Sorbonne, du Muséum retentissent de voix éloquentes, lorsque la paix règne dans nos rues et que l’émulation stimule les esprits, le caravanséraï enrichit facilement le peuple qui l’habite. L’argent dépensé en fêtes par le Gouvernement n’est point mal placé ; toutes les industries en profitent, et bien souvent les entrées d’octroi, dans ces jours de luxe, ont suffi à « rembourser les avances ».

Paris, tel qu’il était au lendemain de la révolution de 1848, allait devenir inhabitable ; sa population, singulièrement accrue et remuée par le mouvement incessant des chemins de fer, dont le rayon s’étendait chaque jour davantage et se reliait aux voies ferrées des nations voisines, sa population étouffait dans les ruelles putrides, étroites, enchevêtrées où elle était forcément parquée. Tout souffrait de cet état de choses : l’hygiène, la sécurité, la rapidité des communications, et la moralité publique qu’il devenait très-difficile de surveiller. Il y avait péril en la demeure ; il fallait renouveler Paris, et l’on entreprit cette œuvre gigantesque, dont les événements qui nous ont accablés ont rejeté l’achèvement à des temps que l’on ne peut prévoir. C’est la destinée de Paris d’être toujours inachevé. Sans parler des travaux de Charles V et de Henri IV, ceux qui furent commencés par Louis XVI, par Napoléon Ier et par Napoléon III, ont été brusquement interrompus et sont restés en suspens.

Le budget de la ville de Paris a dû subvenir à ces travaux d’embellissement et de salubrité ; la génération contemporaine de cette noble entreprise a contracté des dettes[1] qui pèseront longtemps encore sur les générations futures : ce n’est que justice ; car améliorer le présent, c’est travailler au bien-être de l’avenir ; l’un

  1. La dette de la ville de Paris était, au 1er janvier 1854, de 94 026 000 francs ; au 1er janvier 1874, elle est de 1 milliard 794 930 736 francs.