Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/351

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l’affaissement de leur esprit, les regrets qui les animent se font jour à chaque page. Les rapports de police sur l’esprit public pendant la Révolution, publiés par M. Schmidt, prouvent, contre toute discussion, contre toute opinion préconçue, que Paris subissait bien plus qu’il n’acceptait les excès commis en son nom ; dans les marchés, au seuil des boutiques des marchands de comestibles, où l’on « faisait queue » on entend sans cesse la même phrase que les inspecteurs signalent : « Vive l’ancien régime ! au moins nous avions de tout en abondance. »

Napoléon, malgré la mauvaise humeur qu’il témoigna parfois contre la petite guerre d’épigrammes que le faubourg Saint-Germain dirigeait contre lui, a rendu justice à Paris ; il en avait étudié l’esprit avec soin et il savait à quoi s’en tenir sur la ville des massacres de septembre, de la Terreur et de tant de journées sanglantes ; peu après l’établissement du consulat, il disait : « Je me suis fait mettre sous les yeux tout ce que l’on a pu trouver sur les événements les plus désastreux qui ont eu lieu à Paris dans les dix dernières années ; je dois déclarer, pour la décharge du peuple de cette ville aux yeux des nations et des siècles à venir, que le nombre des méchants citoyens a toujours été extrêmement petit. Sur quatre cents, je me suis assuré que plus des deux tiers étaient étrangers à la capitale… » On le voit, la proportion est toujours la même. Lorsque l’on veut porter un jugement impartial sur les fauteurs et les auteurs des événements mauvais, il faut se garder de confondre l’habitant de Paris et le Parisien[1].

  1. Je cherche en vain un Parisien parmi les assassins politiques. Louvel est de Versailles. Toutes les tentatives faites contre la vie du roi Louis-Philippe ont pour auteurs des provinciaux : Bergeron est né à Chauny, Meunier à La Chapelle, Darmès à Marseille, Alibaud à Nimes, Lecomte à Beaumont (Côte-d’Or), Henry à Charme (Haute-Saône) : Fies-