Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/36

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neuf débouchent sur le port. Il faut fixer les yeux sur toutes ces issues ; mais les maisons ne sont séparées que par des murs mitoyens, et il suffit de deux coups de pioche pour les mettre en communication ; c’est en réalité une suite de cours qui forment une série de petits entrepôts distincts, mais ce n’est point un entrepôt. Dans une de ces rues, la plus importante peut-être, car elle abrite des caves nombreuses et bien fournies, un restaurant a une porte toujours ouverte, servitude que l’on est obligé de subir et que l’on neutralise autant que possible en mettant un préposé de planton devant cette issue, par laquelle il est si commode d’établir un va-et-vient de bouteilles pleines. Il serait temps de remédier à cela ; la somme que l’on emploierait à installer un entrepôt réel et sérieux sur ces terrains morcelés par des propriétés particulières ne serait point un placement désavantageux, tant s’en faut ; elle rendrait de gros intérêts en mettant fin à des fraudes trop tentantes pour n’être pas inévitables.

J’en aurais fini avec les diverses opérations de l’octroi, si depuis le 1er janvier 1860 on n’avait autorisé, dans l’intérieur de Paris, ce que l’on nomme administrativement les entrepôts fictifs ou les entrepôts à domicile. Lorsque le décret d’annexion eut rattaché la banlieue à la ville mère, on se trouva en présence d’une difficulté grave qui fut libéralement résolue. Beaucoup d’industriels, ayant une partie de leurs débouchés et de leurs intérêts à Paris et voulant éviter de payer les taxes d’entrée dont les matériaux qu’ils employaient sont chargés, s’étaient fixés entre le mur d’enceinte et les fortifications ; l’annexion, les reliant à la ville, les mettait sous le droit commun et abolissait, à leur grand préjudice, la franchise sur laquelle ils avaient eu droit de compter.

Il y avait là des situations acquises respectables, de