Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/362

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impose ; on dirait qu’il n’a jamais pu s’y accoutumer, car lorsqu’on l’y appela, il avait passé l’âge où l’on prend de nouvelles habitudes.

Esprit de fronde du Parisien, esprit de révolte de l’habitant de Paris, vieux caractère du Gaulois qui aime à se battre pour se battre : voilà ce qui produit nos révolutions. Elles se renouvellent avec une périodicité inquiétante, et sont un sujet de grave préoccupation pour ceux qui voudraient sauvegarder l’avenir. Tous les gouvernements qui sont issus d’une insurrection populaire ou d’un coup de violence ressemblent à la statue aux pieds d’argile : ils pèchent par la base ; le peuple qui les a élevés est le peuple qui les renverse. Tous pourtant ont essayé de réagir, mais, pendant qu’ils s’armaient de lois préventives, le développement normal de la vie urbaine attirait à Paris les chefs et les soldats des commotions futures, de sorte que tous les pouvoirs se sont successivement trouvés en présence de forces agglomérées par la prospérité même qu’ils avaient répandue autour d’eux.

Tout concourt à accroître la population de Paris, et tout ce qui l’accroît tend à devenir un danger public. C’est là une situation réellement douloureuse et grosse de périls que l’on n’a pas encore su conjurer. Les impatients choisissent l’heure propice, font une pesée sur l’opinion, et les édifices que l’on croit les plus solides s’écroulent avec fracas. C’est la fatalité de Paris d’être le théâtre de toutes ces tragédies ; et cependant nous l’avons vu, s’il n’y avait que des Parisiens à Paris, on n’y ferait jamais de révolution.

vii. — les rêves et le péril.

Décadence. — La statue de la France. — Faute de trouver un mode de vivre. — Les maladies. — L’Italie après Novare. — L’espérance survit.