Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/380

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due et légitime, à la tourbe que l’on agitait dans ce but. Avant le 18 mars, on saisissait une lettre émanant d’un des futurs membres de la Commune, écrivain déjà vieilli, connu par quelques succès de théâtre et par des pamphlets où l’injure remplaçait la verve ; dans cette lettre on peut lire : « La République de 71 ne sera pas comme celles de 48 et de 93, où ont coulé seulement quelques gouttes du sang des riches ; on tiendra compte et grand compte de leurs infamies ; il faut un exemple : que ce soit la terreur. Prolétaires, votre tour est venu : levez-vous ! Vous avez des armes ; à vous la torche ! Laisserez-vous debout les palais et les châteaux ? Une rue ne sera-t-elle pas tracée à travers les Tuileries et le Louvre ? Le pétrole peut couler au besoin dans les rues de Paris ! » Si un homme que des œuvres littéraires ont signalé, qui a été commissaire du gouvernement en 1848 et représentant du peuple à l’Assemblée nationale, qui n’a jamais eu à souffrir de la misère, a parlé ainsi, ne rend-il pas, jusqu’à un certain point, excusables les forcenés qui, afin d’obéir à son cri de combat, ont commis le crime, pendant qu’il prenait la fuite pour se soustraire au danger ? On dirait que Félix Pyat, en poussant ces cris d’incendiaire, s’est inspiré de la lettre que Proudhon, âgé alors de trente ans, écrivait le 11 avril 1839 : « C’est trop pour moi que d’habiter cette immense voirie, ce pays de maîtres et de valets, de voleurs et de prostituées. Un jour, le chant du trépas retentira sur Paris et viendra des provinces. J’espère que la vieille Franche-Comté sera des premières à entonner l’antienne. Séjour des intrigants, des tyrans et de leurs suppôts, fabrique de mensonge et de corruption, Paris sera désolé avant que le vingtième siècle ait commencé à poindre. » Les vœux de Proudhon ont été exaucés ; « son pays » Courbet a représenté la vieille Franche-Comté dans l’œuvre bestiale ; lorsqu’il a présidé au ren-