Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/48

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reçu une nouvelle impulsion à partir du 1er février 1871, et il fonctionne maintenant avec une activité extraordinaire ; comme la surveillance indispensable embrasse en réalité Paris et tout le département de la Seine, les employés ont fort à faire pour n’être pas débordés, d’autant plus qu’il y va de leur honneur et de la responsabilité de l’administration de n’agir jamais qu’à coup sûr ; la fraude est comme l’occasion, il faut la saisir aux cheveux, sans cela elle échappe. Aussi sont-ils très-prudents, et il y a des affaires qu’ils ont suivies pendant plus d’une année avant de pouvoir avec certitude constater le flagrant délit. La grande fraude se faisait autrefois par galeries souterraines ; dans quelques rapports échappés, on ne sait comme, aux incendies de 1871, je lis qu’au mois de janvier 1816 on découvrit deux souterrains à la barrière de la Santé et à celle des Bons-hommes ; l’affaire était importante sans doute, car elle valut une gratification de 1 500 francs aux employés qui avaient éventé la mèche. Aujourd’hui comment traverser le massif des fortifications et les profondes fondations en pierres meulières ? Tout au plus pourrait-on à l’aide d’une corde hisser un baril préalablement déposé dans le fossé ; mais on y court de tels risques qu’il est fort probable que ce moyen de fraude n’est guère utilisé.

Tous les efforts de la fraude paraissent être concentrés à cette heure sur une seule denrée, sur l’alcool ; cet article est en effet écrasé par des droits d’entrée et des taxes d’octroi qui peuvent paraître excessifs, mais qui ont leur raison d’être. La loi du 26 décembre 1871, qui accable les eaux-de-vie et les liqueurs, a le caractère d’une loi de salut public ; elle a un côté financier qui n’est pas sans importance, mais le but qu’elle poursuit sans l’atteindre est évidemment moral. L’Assemblée, émue des résultats que le mode de gouvernement adopté