Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/79

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une trame en soie brillante et des dessins en velours mat, couleur sur couleur, La feuille de papier, c’est la trame ; l’écriture, c’est le dessin ; l’une est luisante, l’autre est veloutée ; noir sur noir, ça se lit très-bien. L’ingénieux chef de bureau sauvera-t-il beaucoup d’actes ? environ 70 000. C’est là, on le pense bien, une partie infime des actes qui doivent légalement être déposés au greffe ; au 1er janvier 1874, le service central de la Bourse avait envoyé au Palais de Justice 62 400 copies et 2 100 extraits authentiques qu’il avait en double. Festina lente, ont dit les sages.

L’expérience faite au mois de mai 1871 nous éclairera-t-elle ? Je l’espère, mais j’en doute ; nous excellons à ne pas nous souvenir et nous aimons paresseusement à nous persuader que les faits accomplis sont un accident qui ne se renouvellera pas. C’est le contraire qui est vrai. Par cela même qu’un fait s’est produit, il y a toutes chances pour qu’il se reproduise, car la médiocrité humaine, douce ou féroce, tourne invariablement dans le même cercle. Puisque les documents de l’état civil ont été brûlés, ils peuvent l’être encore ; la précaution de séparer les originaux et les copies, de garder les uns à l’Hôtel de Ville et les autres au Palais de Justice, a été superflue, et l’on n’a rien sauvé.

Au lieu de posséder ces actes précieux en double, il faut les avoir en quadruple expédition. Rien n’est plus facile : il suffit d’ajouter à la loi de 1792 un article qui obligera le clergé à faire un travail analogue à celui des officiers municipaux ; les registres des paroisses seront tenus en double, et, pour éviter une erreur de déclaration que les parents commettent souvent dans les sacristies, l’acte de baptême des enfants légitimes devra relater qu’un extrait de l’acte de mariage des ascendants a été présenté. L’original des registres restera en la possession des paroisses, et la copie sera re-