Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/89

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Les registres sont tenus en double : l’employé principal dicte l’acte en même temps qu’il l’écrit, et un employé subalterne transcrit les paroles qu’il entend ; l’un de ces registres reste à la mairie jusqu’à ce qu’il soit transmis aux archives de l’Hôtel de Ville, l’autre est destiné au greffe du tribunal de première instance. On fait la plus scrupuleuse attention pour donner aux noms une orthographe régulière, car une lettre de plus ou de moins peut amener des complications nombreuses et faire naître des doutes sur l’identité d’un individu. Autrefois il n’en était pas ainsi, on se préoccupait fort peu d’exactitude en si importantes matières, et les noms patronymiques étaient des vocables qui variaient suivant la fantaisie des scribes ; Sevigny ou Sévigné, c’est tout un pour les écrivains du dix-septième siècle, Kernevenoy se dissimule sous Carnavalet, et dans Piquelin on doit savoir reconnaître ce cadet de Gascogne, Puyguilhem, qui devint duc de Lauzun et faillit épouser Mademoiselle. Il ne faut rien moins aujourd’hui qu’un jugement solennel pour rectifier un nom dont l’orthographe n’est pas irréprochable ; chaque jour les tribu-

    veau-né. Pourquoi ne procède-t-on pas en cas de naissance comme en cas de décès ? Il ne naît pas dans vingt-quatre heures plus d’enfants dans un arrondissement qu’il ne meurt de personnes. Or, comme l’inhumation se fait habituellement le lendemain du décès, il faut bien que dans les vingt-quatre heures le médecin des morts, c’est ainsi qu’on l’appelle, aille visiter les corps. Eh bien, pourquoi n’exigerait-on pas qu’il en fût ainsi pour les nouveaux-nés, et que le médecin chargé de constater les naissances fit cette constatation dans les vingt-quatre heures au plus de la déclaration ? La mesure qui a été prescrite, il y a quelques années, fut inspirée par l’humanité : il y avait quelque chose de cruel à soumettre aux rigueurs de la saison un pauvre petit être ayant fait la veille son entrée dans le monde, et l’on a constaté que plus d’un enfant avait payé de sa vie cette première épreuve au grand air. Qu’on fasse donc une obligation impérieuse à la famille du nouveau-né de prévenir les employés de la mairie aussitôt l’accouchement de la mère et qu’on oblige également le médecin des enfants à se rendre dans les vingt-quatre heures au lieu où se trouve le nouveau-né. De cette façon, on évitera les retards dont se plaint à juste titre M. Maxime du Camp, et on ne sacrifiera pas la santé des pauvres enfants. »