Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/90

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naux ont à se prononcer sur des réclamations de cette nature ; dans certains cas les irrégularités sont presque inévitables : trois enfants nés du même père s’appellent De La Palme ; les actes d’état civil donnent trois noms différents : de Lapalme, de la Palme, Delapalme. La justice seule peut déterminer l’orthographe qui doit être irrévocablement adoptée. La rectification est alors transcrite en marge des actes de naissance.

Il en est de même de toute pièce légale qui modifie la condition civile d’un enfant. Lorsqu’un enfant naturel, quel que soit son âge, est reconnu par ses parents, père ou mère, l’acte de reconnaissance est écrit sur le registre en regard de l’acte de naissance, à la marge blanche qui est toujours ménagée intentionnellement à côté du libellé ; parfois le jugement ne peut être reproduit par extrait, il faut, pour que toute valeur lui soit assurée, qu’il soit transcrit en entier : j’en ai vu qui ne tenaient pas moins de cinquante pages ; une note indique alors à quelle date, à quel nom, à quel registre, à quel feuillet il se rapporte. Chaque feuille est numérotée et signée ; toute intercalation est interdite ; nul acte, nulle rectification ne peut trouver place sur une feuille volante ; l’article 192 du Code pénal a prévu le cas : il s’agit d’un mois à trois mois d’emprisonnement, sans compter une amende de 16 à 200 francs.

Les reconnaissances d’enfants sont assez nombreuses sur les registres de l’état civil, mais il est de pauvres petits êtres qui jamais ne jouiront de ce triste et tardif bénéfice : ce sont ceux que l’on trouve au coin des bornes, sur l’escalier des maisons, sous le bénitier des églises ; on les porte au commissaire de police, qui fait d’autorité les déclarations nécessaires. Il est le parrain du misérable abandonné ; avec une intelligence prévoyante, parmi le nombre des prénoms il en choisit un